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Sujet : Le Fou de Bassan.
Le Fou de Bassan.
Toujours en mer, patrouillant en tous sens au-dessus de la houle, il reigne en maître incontesté sur le plateau continental.
Corps fuselé, ailes longues et pointues, bec en poignard et queue effilée, il dépasse en taille tous les oiseaux de mer du Nord-Est atlantique.
Brun-noir moucheté de blanc pour les immatures, livrée blanche, tête et nuque jaune, rémiges noires pour les adultes, cet oiseau en impose par sa majesté.
De près, c'est son oeil bleu pâle qui frappe, condensé d'acuité et expression d'un caractère sans pitié.
Le vol est puissant, et allant par groupes de quelques individus, notre fou alterne battements réguliers et longues glissades au fil de l'air.
Sans doute pressé par quelque affaire urgente, il cingle droit devant lui à une vitesse de croisière de 60 km/h, parcourant régulièrement 150 km entre la colonie et ses lieux de pêche.
Spécialiste des grands espaces, il ne s'approche de la côte que lorsque l'opportunité alimentaire est exceptionnelle, et constitue un indicateur privilégié pour les pêcheurs.
Dès le mois de mai et jusqu'aux marées d'équinoxe à l'automne, en action de chasse, mêlé à d'autres oiseaux marins-goélands, labbes et autres puffins-,il révèle les chasses les plus remarquables.
En certains endroits du littoral, raz Blanchart,Ouessant, raz de Sein, c'est quasiment un rendez-vous quotidien lorsque, comme dans un rituel et au plus fort de la marée, bars et oiseaux marins combinent leurs efforts et fondent dans une parfaite synergie sur les bancs de sardines, d'anchois ou de maquereaux portés inexorablement par les courants sur les seuils rocheux sous-marins servant d'affût à ces grands prédateurs.
Ailleurs, au fond d'une baie étroite, lorsqu'un banc de sprats s'est laissé acculé par mégarde, les fous, le plus souvent associés à des goélands, parfois à un phoque, vont se livrer à une véritable curée.
Se laissant tomber de très haut en piqués vertigineux ils viennent plonger avec une extrême précision à quelques mètres des rochers,imaginons l'impact de ces oiseaux se laissant tomber de 40 m de haut à une vitesse de 90km/h.
Ils sont capables d'aller chercher leurs proies jusqu'à 10 m de profondeur au cours de brèves plongées ne dépassant que très rarement les 15 secondes.
Fou de Bassan emprisonné par un filet de pêche
Fou de Bassan enmazouté
kim
Si le bonheur vous est donné d'assister à ces rencontres spectaculaires, vous avez probablement là, tout près, la plus belle occasion de pêche de l'année.
Parfois c'est un oiseau solitaire qui prend des habitudes surprenantes.
Ainsi, aux abords de Brest, c'est un oiseau adulte (les plus vieux sujets peuvent dépasser vingt ans) qui a pris coutume de faire un petit tour de rade tous les jours, et les pêcheurs au leurre léger ont bien vite compris l'intérêt d'observer l'oiseau pour connaître de façon indéfectible la tenue des bancs de poissons fourrage.
En d'autres lieux, ils signaleront de loin l'arrivée d'un banc de dauphins communs.
Sans intérêt d'un strict point de vue de pêche, portez-vous toutes affaires cessantes, à la rencontre de ces visiteurs d'exception, car c'est un spectacle d'une grande beauté que celui des dauphins et des fous alliant leurs efforts pour mettre à mal le banc de maquereaux encerclé.
Kim.